Fin 1946, début 1947, riche de l’héritage d’Albert Wolff, Micheline Legendre se retrouve avec des décors, des échafaudages, des marionnettes, des rampes d’éclairage, des rideaux, « beaucoup d’enthousiasme et peu d’expérience[1] » selon sa propre formule.
À cette époque, elle étudie en histoire de l’art à l’université de Montréal, tout en poursuivant des études musicales de violon à l’école Vincent d’Indy, et elle est musicienne au sein de l’Orchestre philharmonique des jeunes, dirigé par Fernand Gratton.
Avec le comédien Gabriel Gascon, elle commence à élaborer un projet de spectacle, autour duquel elle convie ses amis. Le peintre Jacques de Tonnancour accueille les répétitions dans son atelier, situé dans la cave du collège Brébeuf. Le sculpteur Jean-Charles Charuest fabrique les marionnettes et le peintre André Jasmin, les décors. Le père André Paquet est l’auteur du texte — une adaptation d’une chanson du folklore — qualité pour laquelle il prend le pseudonyme de Luc Perreault, jugeant qu’elle n’est pas compatible avec ses fonctions ecclésiastiques. Enfin, le compositeur Jean Papineau-Couture signe les arrangements pour ténor, soprano et piano. La première représentation du spectacle Le plus rusé des hommes… c’est sa femme ! a lieu le 5 mai 1948 au Collège Saint-Laurent.
Un jour, au hasard de ses recherches, Micheline Legendre découvre une photo de L’Escarpolette, de Jacques Chesnais. C’est une révélation : c’est avec lui qu’elle veut apprendre.
L’Escarpolette, vue des coulisses. Numéro de Jacques Chesnais et ses Comédiens de bois au music-hall de Bobino, rue de la Gaité (Paris) © Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Photographie : Pierre Soulier, 1945.