Article paru dans la revue Marionnettes 2017-2018 nº6 : Les Maisons de la marionnette dans le monde, actualisé en janvier 2025
L’ouverture de la Maison internationale des arts de la marionnette (MIAM) à Montréal fut sans conteste un événement majeur pour toute la communauté marionnettique canadienne. C’est un rêve que les marionnettistes du Québec nourrissaient depuis plus de 20 ans, qui s’est réalisé en 2018.
La Maison internationale des arts de la marionnette à Montréal © Christian Brault
« La marionnette est en plein essor, au Québec et dans le monde, dit Louise Lapointe, directrice artistique de Casteliers, partenaire fondateur du projet, mais beaucoup de compagnies n’ont pas les outils ni l’espace qu’il leur faut pour créer. La MIAM est un lieu ouvert à tous, et surtout aux bonnes idées ! Elle est faite pour les artistes ».
Ce projet n’aurait pu voir le jour sans l’implication de Casteliers, de l’AQM et celle, très importante, de l’arrondissement d’Outremont. Située sur l’îlot Saint-Viateur, à proximité de lieux tels le Théâtre Outremont, la Bibliothèque Robert-Bourassa et la Galerie d’Outremont, la MIAM rayonne désormais au niveau de la ville, du pays et de l’étranger. Un véritable partenariat s’est noué avec la bibliothèque, qui a créé un centre de documentation spécialisé en marionnettes, regroupant les livres et les nombreux documents des deux organisations. Une salle entière est consacrée à ce fonds de documentation. Sera bientôt inaugurée, devant la MIAM, la place Micheline-Legendre, en hommage à une des pionnières au Québec, native d’Outremont, qui a su donner à la marionnette ses lettres de noblesse.
Résidences, recherche et création
Ce projet de grande envergure a nécessité une mobilisation sans failles : état des lieux, études de faisabilité, programmes techniques et fonctionnels, recherche de subventions, devis des travaux, embauche d’une firme d’architectes, rédaction d’un plan d’affaires… Pendant huit ans, Casteliers et l’AQM y travaillent d’arrache-pied. Après bien des développements, quelques déconvenues et de grands espoirs, le coup d’envoi a finalement été donné en 2015, quand l’arrondissement d’Outremont a choisi la MIAM comme son projet de legs pour le 375e anniversaire de la Ville de Montréal, et reçu un million pour le réaliser. « Ce premier million a été le détonateur, tout en fixant une échéance quant à la réalisation du projet », ajoute Louise Lapointe.
L'atelier de la MIAM © Christian Brault
La maison, qui date de 1907, abritait les écuries des pompiers d’Outremont, ce qui explique sa forme longue et étroite. Le bâtiment, inoccupé depuis de nombreuses années, a subi une cure de rajeunissement et d’assainissement. Le toit a été refait, une cave a été creusée et recouverte d’une dalle en béton pour servir d’espace de rangement. Les architectes ont retrouvé et vitré les anciennes portes doubles de l’entrée des chevaux, qui laissent pénétrer la lumière. L’aménagement intérieur et l’équipement spécialisé ont été placés sous la responsabilité de Casteliers, en collaboration avec les artistes et artisans du milieu, très actifs au sein des comités formés pour l’occasion. Casteliers est le propriétaire emphytéote et gestionnaire de la bâtisse.
La MIAM est un centre de recherche et de création pour les professionnels d’ici et d’ailleurs. Elle comprend un atelier, appelé l’établi, équipé pour construire des marionnettes, des accessoires et des costumes. Attenant à l’atelier, une grande salle multifonctionnelle permet d’offrir des activités de formation et de médiation culturelle. De l’autre côté, le studio-laboratoire, équipé de gradins rétractables, est un lieu de création, de répétition et de présentation. À l’étage, se trouvent les bureaux de Casteliers et de l’AQM. «Travailler dans le même lieu nous permet de mettre nos ressources humaines et bureautiques en commun et d’y réaliser nos différentes activités, complète Louise Lapointe. Le lieu nous donne des ailes pour développer de nouveaux projets, constituant ainsi un pôle des arts de la marionnette ».
Qui s’y frotte s’y pique
Casteliers s’intéresse à toutes les formes de marionnettes et s’ouvre sur moult collaborations avec les artistes d’autres disciplines. Grâce à la MIAM, Casteliers accueille de nombreux marionnettistes, d’ici et de l’étranger, en résidence de création. « Je vois la MIAM comme une ruche pour les artistes, reprend Louise Lapointe, un lieu d’accueil, de rencontres et d’impromptus, toujours très nourrissants pour la profession. Mon plus grand souhait est qu’elle permette à tout le monde d’apprécier la marionnette. On le sait : la marionnette, qui s’y frotte s’y pique ! Il faut faire apprécier sa force classique, dramatique, métaphorique et détruire les préjugés, en donnant accès à cet art à un plus grand nombre de gens ».
Salle de diffusion de la MIAM © Christian Brault