Article paru dans la revue Marionnettes 2017-2018 nº6: Les Maisons de la Marionnette dans le Monde.
Fondée en 1987 par la compagnie de théâtre de marionnettes Le Créa-Théâtre, la Maison de la marionnette à Tournai, en Belgique, abrite sous son toit un Centre de la marionnette, un Musée des arts de la marionnette, un regroupement professionnel (Marionnettes en Fédération Wallonie-Bruxelles), ainsi que les locaux de création et d’administration de la compagnie fondatrice.
La maison de la marionnette à Tournai © D.R.
Quatre pôles d’activités
Le Centre de la marionnette de la Fédération Wallonie-Bruxelles, subventionné par le ministère de la Culture, travaille à la promotion et à la valorisation de l’art de la marionnette. Dans ce cadre, différents axes sont développés : la création, avec l’accueil d’artistes en résidence ; la transmission et la formation, grâce à des activités organisées ponctuellement avec des formateurs du monde entier et destinées au grand public, aux professionnels, aux enseignants, aux amateurs ou aux enfants ; la diffusion, avec d’une part une programmation artistique de spectacles, de « restitutions » du travail fait en résidence et des petites formes et, d’autre part, le festival biennal international Découvertes, Images, Marionnettes, qui présente, en collaboration avec la Maison de la Culture, des spectacles de plus grande ampleur. Enfin, l’événement Lumen développe le rapport entre la marionnette et les arts numériques : « Depuis le printemps 2017, nous participons à un programme européen autour des arts numériques, le NAPP (Numeric Art Puppetry Project), avec des partenaires de France, de Slovénie et de Roumanie, qui vise à démontrer que la marionnette et les formes animées ont des champs d’application et de création très larges », dit Françoise Flabat, directrice et conservatrice de la Maison de la marionnette.
Marionnettes en Fédération Wallonie-Bruxelles est un pôle de ressources et de réflexion autour des métiers de la marionnette qui organise, notamment, les Rendez-vous M, réunissant professionnels et grand public désireux de s’investir pour une meilleure reconnaissance des arts de la marionnette. « Les marionnettes ne sont pas un secteur reconnu par le ministère de la Culture, reprend Françoise Flabat, il n’y a donc pas d’enveloppe budgétaire spécifique. Un manifeste revendiquant nos spécificités a été rédigé suite à ces réunions ».
Le Musée des arts de la marionnette, reconnu dans le secteur du patrimoine au ministère, bénéficie d’une petite subvention. « Et d’une mission à remplir ! ajoute Françoise Flabat. Acquisition, préservation, diffusion, exposition, édition, médiation… Le Musée est riche d’une collection de 2 500 marionnettes, dont 1 385 pièces vont être numérisées par le ministère pour sa section numérique, et nous travaillons actuellement à la numérisation des 1 000 et quelques autres. Plusieurs livres ont été édités, dont un ouvrage sur une exposition patrimoniale : Marionnettes du monde, entre terre et ciel, qui présente des marionnettes des différents continents et montre la place de la marionnette en Europe, en Asie… Nous organisons aussi des expositions temporaires, la plus récente présentait des marionnettes africaines ». Le musée propose également des ateliers pour enfants, des visites guidées, des visites avec tablette. Un centre de documentation est à la disposition du public.
Enfin, Le Créa Théâtre, sans qui tout ceci n’existerait pas, mène un travail de recherche autour de la marionnette depuis 1978, en plus de nombreuses tournées internationales. Installée dans le lieu en 1986, la compagnie a créé le Centre de la marionnette à la demande de la Ville de Tournai l’année suivante. Elle propose différentes formes d’ateliers pour enfants, adolescents et personnes en situation de handicap, ainsi que des spectacles.
Une reconnaissance... à venir
Selon Françoise Flabat, la marionnette en Belgique se retrouve « noyée » dans les autres disciplines : théâtre, danse, théâtre jeune public. N’étant pas reconnue comme un art à part entière par le ministère, personne ne se revendique marionnettiste. L’absence d’école et de formations spécialisées contribue à ce manque de reconnaissance : « Depuis plusieurs années, une relation s’est établie avec l’Académie des beaux-arts de Tournai, une école d’art plastique, d’art visuel et de l’espace, où nous organisons des stages chaque année et travaillons à créer un master en marionnette diplômant. Nous avons réussi à faire reconnaître les cours, mais les prérequis pour y accéder exigeaient des études en arts plastiques ou visuels, ce qui a exclu les étudiants en théâtre. Actuellement, nous travaillons à créer un nouveau master avec le Conservatoire d’art dramatique de Mons. Il nous manque une école pour créer une dynamique positive en ce qui concerne la valorisation du métier ».
Maison de la Marionnette, Tournai. Photo : Jan D’Hondt