Après des études classiques et des formations amorcées dans plus d’un programme, Gaétan Gladu apprend les métiers de la scène en autodidacte, d’abord avec des expériences de théâtre amateur. Il délaisse sa première passion artistique, l’aquarelle, pour tenter une carrière de chansonnier dans les boîtes à chansons de Montréal et en région (1964-1967) : on lui offre sa chance en première partie d’un spectacle de Pierre Calvé, puis de celui de Clémence Desrochers. Il fait son entrée au Théâtre du Rideau Vert à Montréal en 1968 dans des petits rôles pour deux productions mises en scène par la directrice artistique, Yvette Brind’Amour : L’exécution de Marie-Claire Blais puis L’oiseau bleu de Maurice Maeterlinck.
Gaétan Gladu (à gauche) avec Pierre Régimbald et Nicole Lapointe.
Le troisième du duo Lapointe-Régimbald
En parallèle, à partir de l’été 1968, Gaétan Gladu devient le collaborateur le plus constant de la compagnie des Marionnettes Pierre Régimbald et Nicole Lapointe : il est le seul à assister le duo dans toutes les productions de leur partenariat avec le Rideau Vert. Il semble d’abord recruté pour sa polyvalence : dans leur adaptation de Pinocchio (1968-1969; 1977-1978), il tient le rôle du personnage narrateur – un grillon parlant – et d’animateur du spectacle, incitant les enfants à participer pendant les chants et les danses. Jacques Lebel avait occupé une fonction similaire, comme « lecteur » du livre de conte de l’adaptation, au Théâtre de la Place, pour les deux productions précédentes de la compagnie, Le chat botté (1966) et Aladin et la lampe merveilleuse (1967), succédant lui-même à la chanteuse Paule Gauthier. Pour le deuxième spectacle au Rideau Vert, Le fil d’or (1969), on crée pour Gladu un personnage-narrateur absent du conte, Léandre, le messager du roi. Même s’il dialogue avec les autres personnages, l’artiste arrive aussi à interagir avec le public et à obtenir des réponses captivées de sa part : une critique vante son habileté à « nuancer le ton de sa voix pour faire comprendre aux enfants que le moment est grave, triste ou amusant ». Il apprend le métier de marionnettiste et, de plus en plus, complète le tandem Lapointe-Régimbald comme troisième manipulateur, en plus de les assister dans d’autres tâches, comme la conception des décors. Gladu anime les marionnettes de leurs principales activités télévisuelles, dans leur propre émission avec Nic et Pic (1972-1977) puis dans Passe-Partout (1977-1981), où il prête sa voix aux pantins à cinq sens (Porte-Mains, Porte-Nez, Porte-Bouche, Porte-Oreilles, Porte-Yeux). Dans cette dernière émission, par exemple, lorsque Cannelle et Pruneau rencontrent leur grand-père, c’est lui qui donne vie à ce personnage secondaire.
Il travaille ensuite en duo comme manipulateur avec Pierre Régimbald pour les marionnettes de l’émission Tape-Tambour (1981-1985). Pour Nic et Pic, il fait équipe avec Roland Lepage pour la scénarisation des premiers épisodes de l’hiver 1972, avant que la réalisatrice Hélène Roberge choisisse plutôt, à l’automne, de confier la tâche à Michel Cailloux, scénariste spécialisé dans une télévision jeunesse en plein développement, tout comme Roberge du côté de la réalisation.
De 1972 à 1975, Gladu est le principal marionnettiste de l’émission Picotine, manipulant surtout le chien Poil de peluche. On le retrouve ponctuellement comme acteur ou marionnettiste dans plusieurs autres émissions jeunesse de l’époque, comme par exemple le rôle de l’Agent N-33 dans Sol et Gobelet. Dans les dernières saisons de Bobino et Bobinette, alors que les personnages secondaires importants se font seulement entendre en voix hors champ, il est le seul marionnettiste qui animera de façon récurrente une autre marionnette à gaine que Bobinette (Christine Lamer), Giovani, son ami d’origine italienne, de 1981 à 1985.
Avant de clore sa carrière de marionnettiste, l’artiste produit lui-même une adaptation du Maléfice de la Phalène de Federico Garcia-Lorca, avec sa propre compagnie éphémère, les Marionnettes de Gaétan Gladu. Le spectacle tient l’affiche du 17 au 27 juin 1987 au Centre culturel Calixa-Lavallée du parc La Fontaine, à Montréal. En 1989, il laisse le théâtre pour revenir à une pratique de l’aquarelle interrompue 25 ans plus tôt, mais sans renoncer définitivement à la création pour la jeunesse : son roman Un trésor inattendu est publié en 2004.
Pruneau, Cannelle et leur père dans l'émission Passe-Partout. Fonds AQM, Montréal
Bibliographie