(Cette biographie est la dernière écrite par Felix Mirbt, en septembre 2001, traduite de l’anglais par Denise Babin en 2022)
Felix Mirbt a transgressé les traditions théâtrales en plaçant les marionnettes sur scène et en recourant à des acteurs pour les manipuler et leur donner la parole. Son style à la fois frais et intemporel lui a permis d’aborder certaines des plus grandes œuvres de théâtre et de musique.
Les œuvres de Felix Mirbt auraient pu nous venir du Moyen Âge, ou d’une troupe foulant le chemin dans le sillage de la caravane de Mère Courage. En même temps, elles se rapprochent clairement du théâtre des années trente, notamment de celui de Bertolt Brecht. Il n’y a pas de ficelles ou de dispositifs cachés dans l’art de la marionnette de Felix Mirbt, lequel incarne simplement l’essence du message à transmettre. La technique est transparente, l’ossature même de l’illusion scénique est mise à nu. Mais l’illusion perdure tout de même, et nous fait découvrir les mystères primitifs du théâtre – et c’est là que réside la véritable magie des productions de Mirbt.
Il s’agit ici d’un art fondé sur la suggestion et la subtilité. Un masque, quelques morceaux de mousse plastique, une couverture – ce sont là les seuls outils nécessaires. Felix Mirbt s’efforce de complémenter la musique avec des images parallèles de qualité nature archétypale. Toutes les marionnettes possèdent une beauté intérieure transcendante. Leurs mouvements ont cette qualité qui fait chanter le cœur.
Felix Mirbt. Photo: Eva Maria Feistel
Ses œuvres de théâtre musical comprennent L’Enfance du Christ (1980) de Berlioz, Histoire du Soldat (1988) de Stravinsky, Happy End (1981) de Brecht/Weill, Antigone (1984) de Frederic Rzewski, Master Peter (1987) de DeFalla et First Fable (1989) de Timothy Findley.
Felix Mirbt est sans doute principalement connu pour ses mises en scène marquantes de Woyzeck (1976) de Büchner et de Dreamplay/Le Songe (1977) de Strindberg. Ces deux œuvres ont été créées au Centre national des Arts d’Ottawa et ont été présentées en tournée au Canada et en Europe, notamment au Festival d’Édimbourg. En 1997, une nouvelle mise en scène de son spectacle L’Enfance du Christ a été présentée en ouverture du Festival Canada au Centre national des Arts.
Shorelines – Uferlinien – Rives, fruit d’une collaboration entre l’artiste et le compositeur allemand Gerhard Stäbler, a été créé à Oberhausen, en Allemagne, en mars 2000 et repris à Essen, en Allemagne, à l’automne 2000.
En 2001, Felix Mirbt travaille sur The Journals, une pièce autobiographique dans laquelle il conjugue ses récits de souvenirs déchirants et féeriques des derniers jours de la Seconde Guerre mondiale avec une exploration de ses expérimentations théâtrales.
L’œuvre de Félix Mirbt a remporté plusieurs grands prix et a été maintes fois mise en nomination. Son travail a notamment reçu le prix Dora Mavor Moore de Radio-Canada (L’Heure de Point) en 1978, une mention d’excellence de l’UNIMA en 1978, un grand prix en design décerné à la Quadriennale de Prague en 1979, et un hommage décerné par l’Association québécoise des marionnettistes (AQM) en 2000.