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Parcours croisés France-Québec

Bastien et Bastienne par Albert Wolff, 1945

En 1945, la Société des Festivals de Montréal fête ses 10 ans. Pour souligner cet anniversaire en grand, les festivités auront lieu pendant six mois, du 19 janvier au 21 juin, avec des concerts de musique de chambre, Le Messie de Haendel à l’église Notre-Dame, un festival Mozart, trois opéras, La Passion selon Saint-Mathieu de Bach, Parsifal de Wagner…

La présidente de la Société, madame David, demande à Albert Wolff de monter l’opéra de jeunesse de Mozart (il l’a composé à l’âge de 12 ans) Bastien et Bastienne, dans la plus pure tradition de Salzbourg, avec marionnettes à fils et costumes élégants. C’est un défi pour Wolff, car tout est à faire : trouver et former des collaborateurs, des marionnettistes et des musiciens, dénicher un lieu pour répéter… Les marionnettes sont fabriquées par Albert Wolff, d’après les dessins de Robert Langstadt, et habillées par Irène Vachon. Quatre manipulatrices et un manipulateur les animent : Grace Angel, René D. Campa, Micheline Legendre et Irène Vachon. La mise en scène et les éclairages sont de Gunter Erlich, les décors, de Bill Armstrong, et les effets scéniques, de N.O.Laurence.

Les marionnettistes de Bastien et Bastienne, mise en scène de Albert Wolff, Grace Angel, René D Campa, Micheline Legendre et Irène Vachon 1945. Photo Conrad Poirier

Les marionnettistes de Bastien et Bastienne, mise en scène de Albert Wolff. De gauche à droite : Irène Vachon, Grace Angel, Micheline Legendre et René D.Campa. Fonds Micheline Legendre, BAnQ, Montréal.

La première a lieu le 2 avril, à l’auditorium du collège Loyola (1). C’est un succès éclatant (2), selon Micheline Legendre. Albert Wolff se prend alors à rêver de monter d’autres œuvres : La Servante maîtresse de Pergolese, L’Heure espagnole de Ravel ou Don Pasquale de Donizetti. Pendant des mois, il cherche les moyens de ses ambitions. Micheline Legendre lui fait rencontrer le père Émile Legault, fondateur de la troupe de théâtre Les Compagnons de saint Laurent, les peintres Alfred Pellan et Jean-Paul Mousseau. Si les artistes se montrent intéressés par de tels projets, les appuis financiers ne suivent pas. Albert Wolff baisse les bras, décide de rejoindre sa famille au Brésil et lègue à Micheline Legendre marionnettes et matériel.

 


(1) Photo : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2248
(2) Micheline Legendre, Marionnettes, art et tradition, Éditions Leméac, 1986, p.116